"Torse nu" (Christophe Honoré)
L'air de septembre est encore chaud. Je prends le petit volume sous
le bras pour descendre vers la rivière, près du pont. Quand on
ouvre le livre, deux pages couvertes de coeurs. Pendant que le saule
rythme ma lecture au fil de la brise, je découvre une histoire d'été,
une petite histoire d'amour dans un camping, un garçon qui ne se laisse
pas embrasser sur la bouche, un autre qui accepte, une fille qui veut
qu'on l'embrasse pour se sentir aimée. On finit torse nu les yeux
ouverts dans la mer; on se blottit contre le torse nu de son papa.
Je
vois que les amours des grands garçons sont aussi compliquées que celles
des petits. Penché à la fenêtre du presbytère, je devrais aussi ouvrir
grand les yeux dans le soleil, dans les cotons de l'été.
Le livre
peut sembler léger et enfantin, mais il est concentré et tendu dans sa
fragilité. Il y a beaucoup à apprendre d'une forme dense, si proche
d'une pop song.