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Tobias présente
3 décembre 2006

Automne 1915

On aurait annoncé dans les journaux que la lutte au front s'intensifiait. Certaines nuits, alors que le vent aurait soufflé de l'est, dans le silence de la nuit de Paris, pendant que j'aurais épié cette quiétude inquiète, j'aurais pu croire entendre très assourdi le bruit du canon, l'éclat de bombe. On aurait su qu'un jour la ville serait sous les tirs ennemis, que la fête triste et oublieuse, par instants, serait gâchée par un obus. J'aurais marché dans la nuit pour respirer. Dans l'atmosphère bizarre de calme qui savait que la mort sévissait à quelques pas, j'aurais tenté d'écrire. Il m'aurait fallu m'évader par instants de mon bureau. La mort m'aurait épargné et je serai revenu à Paris. Nous aurions été plusieurs à errer ainsi, ne pouvant servir qu'à ce rôle qui fut dévolu aux temps des Invasions aux moines lettrés. Pendant que l'orage des armes se serait acharné sans s'exaspérer, on aurait composé ou écrit, mais en allant chercher dans l'ombre d'une porte, dans une chambre louée, la tendresse qui aurait semblé avoir déserté le pays; étrange vie que l'attente du feu ou de la paix, qui se serait égarée dans les rues sombres de Paris.
Je cueille une dernière rose dans l'automne.

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  • Tobias vit un peu dans un presbytère, un peu ailleurs. Il lit, écrit, écoute de la musique, embrasse des garçons et aime la bière. Il existe et il n'existe pas. Il est né dans une nouvelle et il vit dans la vraie vie.
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